19.5.09

Joel Bartoloméo réagit à l'extrait de "Au Jardin Botanique (Catania)" - je lui réponds

Ai vu la première des 3 vidéos
"Au Jardin Botanique (Catania)"
l'ai vue 2 fois
j'aime bien la progression dramatique
avec les accélérations de la fin... les poissons en deviennent menaçants.
aime bien aussi les mouvements de camera-sauterelle.
aime la feuille et la partie avec le toit de la maison

mais bon...
comment sortir de la contemplation ?
faut il en sortir ?
la contemplation, n'est ce pas le dernier refuge contre la réalité ?
mais la réalité animal nous rattrape des fois.
je la trouve un peu courte
n'est ce pas possible de travailler le son comme l'image (distordre)
et d'introduire de l'étrange et de la violence par le son ?
comme si notre existence était en suspension au-dessus de la menace.

c'est bien une vidéo qui fait causer
Bravo
B
Joël

---------------------------------



---------------------------------

Merci pour cette réponse loquace, Joël,

En fait, je ne mets que des extraits sur le blog.
La violence est présente par le son, elle s'amplifie encore après ce
que tu as vu.
La dernière séquence (dernière partie ci-dessous) est muette.
J'avais décidé de couper le son qui n'apportait plus sa dramatique
comme dans la première séquence. Et de ce fait, l'image seule en
devient plus dramatique (une intensité de l'image non recouverte
par ces bruits de moteurs, absence de son qui laisse de l'espace
pour l'événement visuel qui suit).









Filmer pour moi, c'est entrer dans du réel, le plus loin que je peux
sans jamais introduire d'effet autre que celui, naturel & subjectif,
que produit le filmage lui-même. C'est laisser le réel se dessiner,
non ?
Mais évidemment, je suis sensible à certaines formes du réel.
Le plus souvent, ce sont des lieux qui ont à voir avec ma culture en peinture, une sensibilité de peintre, d'amatrice de peinture…
Je réagis à l'appel du lieu sur ma sensibilité propre.

Filmer c'est une forme d'expérience du réel.

Je m'ennuyais tellement à Catania
c'était un séjour si décevant & frustrant
qu'un peu par dépit j'ai filmé ce bassin sans illusion quant au résultat.
Je n'en attendais rien.
Mais en revoyant ces rushs que j'avais complètement oubliés (je
cherchais une cassette vierge), j'ai vu la richesse cachée dans cet
ennui d'alors.
Flmer est devenu pour moi, et de plus en plus, "me mettre en situation d'attente".

Je me pose la même question que toi sur la contemplation.
C'est une attente de l'événement, c'est le risque de se confronter à
l'ennui dans l'attente. Mais cette durée-là, cette qualité
d'observation m'intrigue & je cherche peut-être à l'épuiser en
filmant.
Si tu regardes la première vidéo de Catania
(je te joints le lien ci-dessous "Spatola (delectatio)")
tu verras que ce n'est pas une fuite du réel, mais au contraire, un
engagement à filmer dans le réel, à pénétrer du réel par un biais
inédit, à tenter d'en extraire ce qu'on n'en voit pas à l'œil nu & que
la séquence révèle par sa durée même.

http://treuilsanaturemorte.blogspot.com/2008/03/les-spatules.html






[2'40" extraites des 5'30"]



Je t'embrasse & merci pour ta réponse vive & attentive
S.

[P.S.: Je me permets d'éditer cet échange mailé sur le blog "Machina
Perceptionis" en créant un nouvel article.
C'est tout à fait ce genre de dialogue dont j'ai besoin pour avancer
la pensée de mon travail. Merci infiniment ! Tu peux continuer si tu
en as envie & moi j'embraye à ta suite…
J'espère que tu es bien dans Berlin !]