46 min _ VIII 2009
coul. _ mini-dv
Au bois de Vincennes, dans un champ d'herbes hautes, la caméra médite le lieu : ses chardons, ses herbes, le ciel.
D'abord debout, l'image est le coin d'herbe sèche sur lequel la caméra plonge : mon corps -toujours en hors-champ- s'y asseoit, plus tard s'y couche. Le vent fait danser les tiges verticales des chardons, les plans en sont brouillés. Perte des repères spaciaux, l'image se cherche en même temps que le corps de la filmeuse cherche sa position. L'image devient, s'approprie en une rhétorique pure métamorphosée dans la durée. Après un long moment, une voix off vient nous faire sa chro-
nique du 14 juillet, seul véritable événement de ce plan-séquence
de 45 min.
NOTES du 15 juillet 2009
Avec crainte j’ai marché d’un pas rapide jusque là-bas. Longeant le lac de Saint-Mandé, le canal, traversant l’avenue Daumesnil aux voitures intransigeantes. L’esprit attiré par le lieu qui m’appelait, vite, constater la lumière sur le chemin, les ombres des arbres,
c’est une bonne fin d’après-midi pour filmer. Ciel un peu couvert,
invitation à méditer sur la monotonie.
C’était un rendez-vous avec le lieu, l’île aux herbes hautes et aux chardons dans le bois de Vincennes. Une île où les homos s’attendent, où les vélos ralentissent. Ex-spectatio. Regarder, attendre en regardant ; regarder attendant.
Deux fois je m’étais allongée sur les herbes sèches couchées, sorte de litière de chaume. Sensation du Paradis hic et nunc, les yeux dans le ciel bleu, monotonie de la crème des nuages, les bourdons sur les fleurs mauves des chardons dressés autour dans les stridulations.
Ce lieu aussi m’appelait (comme les Églars de « Consolatio », par exemple). Je lui ai obéi, l’ai filmé et écouté. Le « type à Johnny » entendu la veille du 14 juillet est revenu lui aussi, faisant la chroni-
que de ce qui s’est passé la veille au Champ de Mars.
Je me trouvais en correspondance avec ces figures féminines de la tapisserie « La Dame à la licorne » sur son île aux mille fleurs.
Fleurs sauvages et symbolique perdue, fleur d’une rhétorique informative d’un contemporain en quête de son sens ; en quête d’une identité visionnaire.
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« 2 Vanité des vanités, dit le Maître, oui, vanité des vanités, tout est dérisoire.
PROLOGUE : RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL
3 Quel avantage l'homme retire-t-il de toute la peine qu'il se donne sous le soleil ?
4 Une génération s'en va, une autre vient, et la terre est toujours là.
5 Le soleil se lève, le soleil se couche, et il se hâte vers l'endroit d'où il devra de nouveau se lever.
6 Le vent souffle vers le sud, puis tourne vers le nord, il tourne, et tourne encore, et reprend les mêmes circuits.
7 Tous les fleuves vont se jeter dans la mer, mais la mer n'est pas remplie. Les fleuves ne cessent de couler toujours vers le même endroit en suivant leur cours.
8 Tout est en travail, plus qu'on ne peut le dire. L'œil n'est jamais rassasié de voir. L'oreille n'est jamais remplie de ce qu'elle entend.
9 Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera : il n'y a rien de nouveau sous le soleil. »
Ecclésiaste 1:2-9 (La Bible du Semeur)
Avec la voix off :