Brève sur
« Dans une certaine lumière, in marginem »
À 4 minutes 32 secondes et ce jusqu'à 4 minutes 44 secondes et 19 images, soit pendant 12 secondes, est enregistré un plan fixe :
un détail dont on peut se demander ce qu’il est, le temps nous est donné pour qu’on se le demande. L'image d'une petite plante sauvage (marrube ?), son ombre se reflétant sur ce qu’on devine une botte en caoutchouc, une feuille partiellement cachée par le bas du pantalon côtelé beige.
Je me souviens qu’en visionnant les rushs j’avais été surprise de découvrir cette image. Je ne me souvenais pas de l’avoir filmée sciemment. J’avais dû l’enregistrer par erreur. Mais cette image enregistre autre chose de plus profond & signifiant. C’est un regard fixe sur un détail comme lorsque notre propre regard s’absente soudain, un instant, parfois, comme happé de l’intérieur, une question, un doute, un regard qui se demande, aux prises à une interrogation profonde qui ne se formule pas.
Cette image se demande, et ce durant 12 secondes.
Je me demandais alors si j’allais continuer ou non à filmer. Si j’allais me permettre d’enregistrer dans la durée ce qui suit pendant encore plus de 12 minutes. « Vais-je répondre à l’appel du lieu ? Vais-je obéir à sa douce convocation ? Est-il permis que je me laisse charmer par cette attirance ? ». Ma réponse à ces questions qui n’étaient alors pas conçues comme telles, pas formulables dans ce présent-là d’alors, ma réponse a été « oui ».
Ce qui donne cette vidéographie « Dans une certaine lumière, in marginem » de 17 minutes, que j’ai mis deux longues années, mois pour mois, à admettre. Et que j'inclus dans ce journal de bord des vidéographies rassemblées sous le titre « Machina perceptionis ».